L’histoire ancienne de la Soierie lyonnaise est intimement liée aux rois.
Interview de Cédric Brochier,
Erasme, Un webdoc sur l’industrie textile de la Métropole de Lyon
L’histoire ancienne de la soierie lyonnaise est intimement liée aux rois : Charles VII, François 1er, Henri IV, Louis XIV puis Napoléon 1er ont tous participé ardemment au développent de l’industrie de la soie à Lyon.
Au XVe siècle, Lyon devient une place importante du commerce européen. Le roi Charles VII octroie à la ville le droit d’organiser plusieurs foires libres de taxes. On y vend entre autres marchandises, de nombreuses soieries en provenance d’Italie.
Le roi François 1er soutient et encourage l’installation à Lyon des 2 premiers tisserands italiens. Des privilèges portant sur la fabrication des tissus d’or, d’argent et de soie leurs sont octroyés leurs permettant ainsi d’attirer les meilleurs ouvriers étrangers. L’activité prospère rapidement.
Les guerres de religion éclatent, grands marchands et grands fabricants quittent la ville. Les ouvriers en manque de travail, rejoignent les villes italiennes concurrentes. La forte taxation à l’import de la soie brute par le roi Charles IX entraine une perte de compétitivité importante. L’activité décline.
Le roi Henri IV relance l’industrie de la soie en encourageant et soutenant le développement de l’élevage des vers à soie, en particulier dans les Cévennes et l’Ardèche. Parallèlement les techniques évoluent : Claude Dangon importe et perfectionne le métier « à la grande tire » qui permet désormais de produire de beaux façonnés dans une grande largeur.
Sous le règne du roi Louis XIV, Colbert réglemente rigoureusement la profession: la Fabrique lyonnaise organise dès 1667 l’ensemble des acteurs impliqués dans le tissage. Elle spécifie la qualité des productions et l’organisation d’un modèle de production original. Les commandes de brocart d’or et d’argent pour aménager les différentes demeures royales affluent. Les commerçants lyonnais exportent dans toute l’Europe les nouveautés qu’ils créent pour la mode de Versailles et de Paris. Les collections aux motifs originaux s’enchainent rapidement laissant derrière elles une concurrence italienne, anglaise ou hollandaise qui peine à suivre le rythme imposé par les soyeux lyonnais.
La Révolution française porte un coup dur à la Fabrique, mais Napoléon 1er relance vigoureusement le secteur par de très importantes commandes destinées entre autres au palais des Tuileries et au Château de Fontainebleau et incite les élites officielles à se vêtir de soie. Le métier Jacquard, une fois mis au point, par Joseph Marie Jacquard à Lyon, connaît un grand succès et remplace rapidement les métiers à tirer. Il permet un gain de temps important et le tissage de motifs beaucoup plus complexes dont le prix de vente reste très cher.
Au XIXe siècle, le bouleversement des structures sociales voit la montée en puissance de la bourgeoisie qui souhaite, comme la noblesse, s’habiller de soie. La soierie lyonnaise connait alors son apogée. Elle devient la plus puissante industrie exportatrice française et s’impose à toutes les autres industries des soyeux en Europe.
Lyon devient la capitale mondiale de la soie.
Pour en savoir plus, visitez le Musée Soieries Brochier